De la primaire au lycée, l’IA et le codage décryptés par Vittascience
Susciter des vocations scientifiques
Aux origines du projet Vittascience
Vittascience, c’est d’abord l’histoire d’un parcours. Celui de Léo, étudiant à l’ISAE-SUPAERO, une école d'ingénierie aérospatiale située à Toulouse. Dès le début de ses études, il participe au programme “OSE” (pour Ouverture Sociale Étudiante), qui se donne pour mission de sensibiliser les plus jeunes aux sciences.“En voyant dans les classes les difficultés des élèves sur les thématiques scientifiques, j’ai eu envie d’aller plus loin. Je voulais stimuler les jeunes dans leur pratique des sciences et, pourquoi pas, leur donner envie d’en faire leur métier. Avec trois de mes camarades, nous avons commencé à créer des kits scientifiques pour rendre l’apprentissage plus ludique. Ce qui était un projet étudiant s’est transformé en une entreprise, créée en 2018, dès la fin de mon Master.”
Tout programmer (ou presque)
Après avoir conçu plusieurs kits scientifiques, Vittascience crée une plateforme spécialisée dans la programmation informatique, la robotique et l’IA, à la croisée des sciences et du numérique. Le premier outil développé par l’équipe est très simplement baptisé “Programmer”. Accessible directement depuis son site web, il offre la possibilité de coder avec une multitude de langages et de matériels. Arduino, Python, Buddy, Raspberry Pi… L’interface regroupe tous les cas d’usage, adaptés aux élèves du cycle 3 à la Terminale. “Avec cet outil, on peut coder avec un écran seul, un robot, un drone, une carte, ou même sans écran. Il s’agit de programmation par bloc, avec une traduction en temps réel dans le langage Python.”
Ouvrir la boîte noire de l’IA
Un outil pour comprendre les LLM
Outre son interface de codage, Vittascience a récemment sorti un outil ludique pour expérimenter les IA. Objectif : démystifier les LLM (Large Language Models) avec des cas concrets autour de l’image, du son et du texte.“Les IA sont souvent considérées comme impénétrables, voire magiques. Pourtant, il ne s’agit que d’algorithmes et de mathématiques ! Avec notre outil, les élèves peuvent entraîner une IA simple et découvrir comment fonctionne le réseau de neurones sous-jacent. L’IA que nous avons développée intègre 1 million de neurones, là où ChatGPT, par exemple, en détient plusieurs milliards, comme le cerveau humain. Vittascience n’a pas inventé un nouveau modèle de langage, mais nous sommes les seuls en France à expliquer leur fonctionnement de manière didactique.”
Images, sons et texte
L’outil IA de Vittascience travaille autour de trois types de données :
Les images. Les élèves peuvent entraîner l’IA à classifier des images selon différentes catégories. C’est la même technologie qui permet, par exemple, de gérer le tri sélectif des déchets ou la détection de produits dangereux dans les aéroports.
Le son. Il s’agit d’expérimenter la reconnaissance de mots ou de sons non humains, tels que les chants d’oiseaux ou les bruits de la rue.
Le texte. Pour cette partie, Vittascience a exposé son IA à différents LLM tels que Mistral, ChatGPT ou LLaMa. L’interface fonctionne comme un chat, mais elle permet de discerner, grâce à un jeu de couleurs, les “token”, ces syllabes générées par l’IA via un système de probabilités.
“L’un des exercices proposés offre la possibilité de montrer les biais de genre ou d’ethnie, explique Léo Briand. Il est ainsi possible de s’en servir pour évoquer avec ses élèves l’aspect éthique, en leur montrant que ces modèles ne disent pas la vérité, mais ce qui est le plus probable.” Les élèves peuvent créer leur propre IA et l’adapter via l’outil de programmation.
L’IA appliquée en classe
L’outil IA de Vittascience permet aux enseignants de mettre en place des projets d’IA de A à Z avec leurs élèves. “On peut dupliquer, à petite échelle, des technologies présentes dans notre vie quotidienne. Par exemple, j’ai vu des classes entraîner des IA à la reconnaissance de déchets pour créer leur propre système de tri. On peut imaginer des systèmes de reconnaissance de fruits et légumes, en lien avec les cantines, ou encore la création d’un assistant IA qui détecterait les panneaux de signalisation sur des trottinettes. C’est grisant pour les élèves de partir de zéro et de construire leurs propres fonctionnalités.“
D’autres outils pour les enseignants
“Classe”, pour suivre la progression de ses élèves
Le site web de Vittascience héberge une autre interface dédiée aux enseignants : l’outil de gestion “Classe”, qui permet de suivre la progression de ses élèves sur les applications de codage et d’IA. “Ce “LMS” a été développé avec trois autres entreprises, dans une logique de mutualisation des coûts et des compétences. Il est accessible via un abonnement premium, mais peut aussi être installé en local sans surcoût, puisqu’il est disponible sous licence open source. “Ce logiciel permet de créer facilement des activités et de suivre les résultats de ses élèves à tous les niveaux. Nous préconisons d’expérimenter les IA dès le CM1, une fois que la lecture est maîtrisée. Aujourd’hui, l’IA ne fait pas partie des programmes scolaires. Avec nos outils, elle peut être abordée en cours de technologie, mais aussi en enseignement moral et civique ou en philosophie.”
Des ressources libres
Vittascience offre également aux enseignants un panel de plus de 400 ressources gratuites, distribuées sous licence Creative Commons. Ces contenus pédagogiques sont créés par des enseignants de primaire, de collège et de lycée et offrent des idées d’activités à mettre en place autour de la programmation et de l’IA. Un jeu de filtres permet de choisir les articles et vidéos en fonction de la difficulté, de l’outil ou de la langue par exemple.“Un formulaire très simple offre la possibilité aux enseignants de partager les projets qu’ils ont mis en place. Ils gardent la propriété intellectuelle, mais l’activité peut être reprise par un autre enseignant, dans une logique de partage des savoirs.”
Vittascience, acteur de référence
Un travail de réseau
Vittascience se positionne aujourd’hui comme expert de la sensibilisation à l’IA. À ce titre, l’entreprise ne réalise pas de travail de médiation sur le terrain, mais s’appuie sur les compétences d’autres organisations dont c’est la mission première.“Nous sommes associés à des structures comme la Compagnie du Code qui utilisent nos outils et nous font parvenir les retours des utilisateurs. Nous avons également participé activement aux projets AI4T et GT Num, pour comprendre comment les LLM sont utilisables en classe. Ces projets sont d’une importance capitale ! C’est bien de réguler l’usage des IA, mais il faut aussi que les citoyens maîtrisent les fondamentaux, qu’ils comprennent comment ils fonctionnent.” Vice-Président de l’association AFINEF, qui aide les entreprises et les associations de l’éducation à se développer, Léo Briand est désormais au conseil collégial de Class’Code. “J’espère apporter ma pierre à l'édifice en contribuant au niveau national à la diffusion de la pensée informatique.”
Des projets innovants
L’entreprise souhaite à présent étoffer ses outils pour “offrir un panorama complet de la génération d’images, de sons, de texte, et pourquoi pas de vidéos.” Autre nouveauté : l’outil IA se dotera très bientôt d’un compteur permettant de mesurer l’empreinte carbone et la consommation électrique. Si Vittascience est impliqué dans de nombreux projets pour 2024, citons un appel d’offres assez novateur remporté par l’entreprise… avec le Futuroscope. “Nous allons déployer un système permettant aux classes de toute la France de programmer à distance des robots de grande envergure présents dans le parc de loisirs.” Vittascience n’a pas fini de soutenir l’apprentissage du codage à tous les âges. Pour le plus grand bonheur des enseignants.