Il s’agit d’une stratégie lancée par Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’Etat chargé du Numérique, en décembre dernier, et confié à la Mednum. Le but est de fixer des objectifs nationaux partagés en matière d’inclusion numérique et planifier les moyens et les ressources pour les atteindre, collectivement. Voici comment Class´Code y a contribué.
Groupe de travail n°1 – Atteindre et orienter les publics cibles- Identifier et qualifier les publics qui ont besoin d’un accompagnement aux pratiques numériques et leurs freins
- Construire des parcours permettant d’aller chercher et d’orienter ces publics vers un accompagnement correspondant à leurs besoins.
Comment former chaque enfant aux fondamentaux numériques ? En formant les professionnels de l’éducation ! Class’Code et ses partenaires s’y emploient au travers d’une offre hybride couplant formations en ligne, ressources pour la classe et rencontres présentielles pour transmettre la pensée informatique avec et sans ordinateurs. La volonté d’offrir des ressources libres et l’attention portée à l’équité territoriale nous poussent à identifier et mettre en réseau au niveau local et national les acteurs de l’éducation et du numérique. 30.000 personnes on aujourd’hui bénéficié de Class’Code mais c’est de 300.000 formés dont la France a besoin !
Depuis quelques années, les cours privés d’initiation au code se multiplient pour répondre à une demande croissante. En septembre 2016, l’enseignement des sciences informatiques entrait dans les programmes scolaires avec comme corollaire l’enjeu de la formation des enseignants.
Lancé quelques mois auparavant, le projet Class’Code offre à l’ensemble des professionnels de l’éducation une solution de formation innovante reposant sur
- des ressources éducatives libres conçues par les meilleurs spécialistes en didactique des sciences du numérique;
- des temps de rencontres permettant aux pédagogues et aux professionnels de l’informatique d’échanger en présentiel et de monter en compétences.
C’est d’ores et déjà un succès ! Plus de 30 000 personnes ont bénéficié de ce projet (plus de 50000 personnes touchées), récemment lauréat du prix de la meilleure ressource éducative informatique en Europe. Le taux de satisfaction proche de 90% témoigne de la qualité des formations proposées tandis que le nombre d’inscriptions aux formations en ligne est dix fois supérieur à celui de MOOCs équivalents.
Cependant, notre objectif de service public est plus ambitieux encore. Pour que chaque enfant et à terme chaque citoyen·ne reçoive cet enseignement fondamental du 21ème siècle, ce sont au moins 300 000 personnes que nous devons toucher.
Seul un soutien politique fort nous permettra d’atteindre cet objectif des investissements d’avenir.
- Au niveau de l’éducation
- Sanctuariser l’apprentissage des fondamentaux du numérique pour toutes et tous dans l’éducation (primaire et secondaire, périscolaire)• Donner aux enseignants et aux éducateurs les moyens de se former pour délivrer ces enseignements dans de bonnes conditions en inscrivant cette formation au Plan national de Formation (PNF)
- Au niveau de l’enseignement supérieur
- Inscrire la formation à la pensée informatique dans les cursus des ESPEs de façon à ce que tous les nouveaux enseignants possèdent ce bagage minimal et soient en capacité de le transmettre.
Convaincre le public éducatif : communiquer, valoriser, labelliser
Il est important de pouvoir faire adhérer de nouvelles personnes au dispositif. Au niveau de l’éducation nationale et au-delà cela passe par :
- une incitation forte de la hiérarchie : convaincre inspecteurs, DANE et autres prescripteurs pour inscrire les formations dans les plans Académiques ou au niveau de l’OPCA etc.,
- une communication ciblée auprès des enseignants et autres publics pour leur donner envie et les inciter à libérer du temps : créer des entrées disciplinaires ou par métiers, valoriser des projets menés dans des classes ou des structures associatives ou autres, mettre en avant des retours d’expériences,
- une présence humaine pour accompagner au sein de chaque académie ou territoire de façon à diffuser par contamination : ces “ambassadeurs” seront eux-mêmes formés et à même de présenter des actions, enseignants formés devenant formateur ; voir à mettre en place une “labellisation” des acteurs et des ressources pour une meilleurs identification et valorisation,
- des propositions lors des évènements forts (fête de la science, la code week, Hour of code, ou à co-construire pour faire connaître et surtout faire du Class’Code.
Plus largement l’identification et la valorisation (via un label par exemple) devrait permettre de rendre plus lisibles et plus accessibles les ressources, actions, lieus, personnes, partenaires engagés dans Class’Code et au-delà en continuant de les répertorier progressivement sur la cartographie www.classcode.fr et www.pixees.fr y compris en valorisant par un envoi croisé les sites et ressources partenaires (autres PIA, PIX, etc.).
Groupe de travail n°2 – Structurer l’offre de médiation et de formation
- Structuration nationale des services d’accompagnement au numérique (référentiel, label, évaluation)
- Structuration de la filière de médiation numérique (statut, compétences, formation)
Comment structurer l’offre de médiation et de formation ? En aidant les professionnels de l’éducation a faire communauté ! Class’Code et ses partenaires s’y emploient au travers d’une offre hybride couplant formations en ligne, ressources pour la classe et rencontres présentielles pour transmettre la pensée informatique avec et sans ordinateurs. La volonté d’offrir des ressources libres et l’attention portée à l’équité territoriale nous poussent à identifier et mettre en réseau au niveau local et national les acteurs de l’éducation et du numérique. 30.000 personnes on aujourd’hui bénéficié de Class’Code mais c’est de 300.000 formés dont la France a besoin !
Class’Code est soutenu (sous le nom de MAAISoN) au titre du PIA, suite à l’appel à projets « Culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat » lancé dans le cadre du Fonds national de l’Innovation. Cette action est gérée par la Caisse des Dépôts pour le compte de l’Etat avec le concours et le suivi du Commissariat Général à l’Investissement et des ministères chargés de l’Education Nationale de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique.
Un environnement propice pour Class’Code…… avec des points d’attention.
L’évolution des choses est favorable que ce soit à l’école ou dans l’éducation populaire avec une prise de conscience des enjeux autour du numérique au sens large, et du besoin d’en maîtriser les fondements. Le code figure dans les programmes scolaires de primaire et collège, la notion de pensée informatique se banalise grâce aux articles dans la presse et à la généralisation de plusieurs initiatives éducatives. La Grande école du numérique a joué un rôle fédérateur et plus récemment le lancement de la stratégie nationale pour un numérique inclusif avec la Mednum qui cherche à fédérer les acteurs de la médiation numérique.
Pour Class´Code au-delà des 5 Mooc initiaux, des 2 manuels scolaires “1,2,3 Codez”, de l’extension pour les lycées avec le Mooc ICN, de toutes les ressources produites et proposées en licence libre, Class’Code est vu comme un outil levier pour répondre à un besoin. Mais aussi comme un véritable animateur de l’éco-système avec un brassage entre les différents milieux éducatifs, et des partenaires faisant des actions communes. Le rôle d’Inria qui n’a pas d’intérêt direct en tant que service public au service de cette cause éducative est vu comme une garantie de neutralité du projet Class´Code.
Toutefois, si le projet Class’Code est connu et reconnu, les professionnels de l’éducation et plus spécifiquement de l’Education nationale – objets de beaucoup d’attentes – expriment leur difficulté de terrain.
Pouvoir suivre la formation oui ! Mais : on relève le manque d’incitation dans les académies, se pose la question sur la reconnaissance de la formation Class’Code -qui produit une attestation de formation- par l’Education Nationale et au-delà. Beaucoup d’enseignants sont réceptifs et enthousiastes mais comment faire franchir le pas aux collègues ? Ceux qui n’ont pas le temps de s’investir dans de nouveaux projets pédagogiques ? Ceux qui n’ont pas de formation idoine inscrite au PAF et qui n’ont pas le temps pour s’auto-former ? Ceux qui trouvent la formation trop lourde ? Comment rassurer ceux qui ne se sentent pas assez accompagnés en classe après avoir suivi un ou des modules ?
Il faut être vigilant à ne pas “faire croire” que c’est facile et rapide ; c’est facile de découvrir, mais ce n’est qu’un début. Ne pas masquer la complexité de la discipline : principe de réalité pour que les animateurs et enseignants ne soient pas en difficulté pour animer des séances.
Alors comment contourner ces freins ? Et comment contredire la phrase « la formation au code c’est comme la formation à la cuisine : une fois formés combien se lancent dans la confection de bons petits plats ?” et pouvoir répondre “beaucoup” pour que ce soit une réelle formation contaminante ? Comment continuer à avancer durant ces 2,5 années prochaines du projet Class’Code ?
Au niveau de l’enseignement supérieur
- Inscrire la formation à la pensée informatique dans les cursus des ESPEs de façon à ce que tous les nouveaux enseignants possèdent ce bagage minimal et soient en capacité de le transmettre.
- Faire de la médiation au numérique un enjeu majeur de la formation supérieure en inscrivant dans le cursus des étudiants de master et d’école supérieure d’informatique une UV médiation à valider en participant à la formation des citoyens et notamment des enfants et des enseignants.
- Former aux fondements du numérique les étudiants de toutes disciplines en attendant qu’ils.elles reçoivent cette formation dans leur parcours secondaire.
Piloter oui mais comment ?
Le rôle de pilotage est largement défendu car il permet le suivi et l’animation. Class’Code aurait donc un rôle à jouer comme animateur de l’éco-système autour de l’apprentissage du code. Mais quelle devrait être la forme, la structure de ce pilotage ? Il convient dès à présent d’anticiper la fin du projet et de prendre en compte son élargissement.
Quelle structure après Class´Code ? Une fondation ? Une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) qui permettrait de fédérer des structures de types variés (privés et publics) dans un même projet commun ? Ou pas de structure qui risque de rajouter une surcouche organisationnelle à un environnement déjà très lourd d’organisations. Quelle gouvernance réactualisée pour cette suite ?
Quelles missions ? Poursuivre le déploiement de cette formation vers les publics moins accessibles. Élargir les cibles qui en bénéficient. Soutenir la mise en relation de partenaires qui montent des projets avec le financement idoine sur les territoires. Faire valoir ces sujets et la paroles des acteurs auprès des institutions. Mutualiser les ressources, soutenir la recherche en science de l’éducation sur les impacts cognitifs de ces nouveaux apprentissages.
Quels moyens ? En ce qui concerne l’animation, l’importance de l’humain et l’implication volontaire et bénévole est un mode de fonctionnement à conserver. Les réunions d’acteurs sur les territoires doivent être favorisées. La marque n’est pas fondamentale – même si Class’Code est une évidence puisqu’elle est là – par contre l’accord sur des valeurs communes sont fondamentales. Les questions des moyens financiers se posent d’ores et déjà sur les territoires comme au niveau du pilotage et des solutions doivent être trouvées pour pérenniser.
Groupe de travail transverse – Stratégies locales inspirantes et modèles de gouvernance territoriale
- Identifier les modèles de gouvernance territoriale qui fonctionnent
- Proposer des scénarii de gouvernance locale de stratégie d’inclusion numérique (échelon, animation, outils, etc.)
- Construire une méthode permettant le passage à l’échelle des initiatives territoriales
Comment contribuer à des stratégies locales inspirantes ? En mettent en réseau nos maillages de territoire !
Structuration, coordination, animation des territoires
Class’Code et ses partenaires ont déployé à des degrés divers sur plus de neuf régions un maillage de territoire pour faire connaître ce bien commun que constitue cette formation, accompagner les personnes qui se forment, aider les partenaires à co-construire leur offre à ce niveau. L’idée majeure est que les coordinateurs régionaux Class’Code puissent s’appuyer au niveau de chaque région sur un comité de coordination des différents représentants de structures qui permettrait d’avoir une coordination cohérente et une animation déclinable dans chaque “territoire”.
Les questions qui se posent pour les coordinateurs concernent l’accompagnement :
- pédagogique des participants au MOOC
- pour en faire une communauté d’apprenants
- des coordinateurs eux-mêmes (formation et appui sur une cartographie de leur support de facilitateurs, lieux, outils pédagogiques…).
Et au-delà, comment créer et fédérer une communauté d’acteurs et apprenants territoriaux Class’Code ? Et utiliser toutes et tous le même outil ?
La question des moyens humains et financiers se pose aussi. Comment mobiliser des facilitateurs bénévoles ? Comment élargir le cercle des intervenants : formateurs Class’Code en présentiel en plus du MOOC, donc rémunérés ? Les facilitateurs restent dans le bénévolat ? Peut-on rester sur le principe du bénévolat ou utiliser des solutions comme les chèques aptic (le chèque culture numérique pour tous) ?
Au niveau des territoires
- Favoriser le rapprochement des acteurs locaux en soutenant la mise en place et l’animation sur la durée des réseaux sur les territoires au plus près des populations : réseaux d’apprenants, de facilitateurs, de partenaires, etc.
- Inciter les entreprises du numérique au mécénat de compétence en libérant sur la base du volontariat des heures de travail rémunéré pour faire de la médiation sur ces sujets.