Bonjour Béatrix, peux-tu te présenter ?
Bonjour Olivier (Olivier Banus voir article compagnon), je suis conseillère pédagogique sur la circonscription Montpellier-Saint Jean de Védas. Je suis en charge du dossier langues vivantes, preuve que la question de l’enseignement du « code » n’est pas limitée à la technologie ou aux mathématiques. Je ne suis pas membre de Class´Code.
Comment as-tu découvert Class’Code ?
C’est une histoire assez atypique : j’ai été contactée, fin 2015, par une collègue italienne qui cherchait des partenaires pour un projet européen erasmus+ (action Ka2) sur la robotique. Je me suis alors intéressée au sujet. Consciente d’être totalement néophyte en la matière, j’ai contacté une collègue qui enseigne en maternelle dans le Sud-Ouest et que j’avais vu présenter un projet avec de petits robots lors d’une conférence nationale eTwinning. Elle m’a alors conseillé de prendre l’attache de Florent Masseglia, chercheur à l’INRIA à Montpellier, justement, avec qui elle avait eu l’occasion de travailler. C’est ainsi que j’ai contacté Florent, à l’origine pour un prêt de robots Thymio… via Facebook !
Le projet erasmus+ n’a pas abouti. En revanche, Florent s’est montré si disponible et enthousiaste qu’il nous a non seulement prêté des Thymio mais est venu également présenter le premier MOOC Class’Code sur la programmation créative dans trois écoles de ma circonscription en avril 2015 et a convaincu un bon nombre d’enseignants, dont je fais partie, de suivre cette formation hybride en avant-première, car elle en était alors à sa phase d’expérimentation.
Tu es en contact avec nombre d’enseignants, quels besoins de formation identifies-tu dans le premier degré concernant l’introduction du “code” dans les programmes?
L’apprentissage du « code », avec les algorithmes et la robotique, a fait son entrée dans les nouveaux programmes 2016, laissant les collègues un peu désemparés. La formation proposée répond donc à un véritable besoin pour les enseignants de cycle 2 et 3 (du CP à la Sixième). Et j’espère qu’elle va pouvoir être déployée sur l’ensemble du territoire.
Quand as-tu commencé à suivre le premier MOOC “programmation créative”, et quelles étaient tes motivations ?
J’ai commencé à suivre le premier module d’une douzaine d’heures au mois d’avril. Je souhaitais pouvoir accompagner les enseignants dans ce nouveau défi, être capable de leur conseiller des outils, des activités organisées en progressions, mettant en avant une approche pluridisciplinaire et une pédagogie active telle que la démarche d’investigation ou la démarche de projet.
Quels en sont pour toi les points forts que tu mettrais en avant pour inciter d’autres enseignants à suivre ton initiative ?
La formation vise à initier les enseignants et in fine leurs élèves à la science informatique. Elle propose à la fois des activités branchées (nécessitant un ordinateur ou une tablette) permettant d’introduire les bases de la programmation et des activités débranchées (informatique sans ordinateur) permettant d’aborder des concepts de base de la science informatique (algorithme, langage, représentation de l’information…). Elle est très interactive : dans chaque bloc, les supports sont variés (courtes vidéos, texte, exercices, QCM, …) et le ton y est très agréable. À l’issue de ce premier module de formation, on peut véritablement animer des ateliers avec des élèves de 8 à 14 ans, quelque soit son bagage informatique initial (j’en suis témoin !). Des temps de rencontre sont prévus et jalonnent la formation ce qui permet en outre de rompre le sentiment d’isolement que peuvent engendrer les formations à distance.
Class’Code est un projet dont le déploiement local est décentralisé, comment es-tu impliquée dans cette action ?
Mes collègues et moi faisons partie de la communauté Class’Code. Les forums favorisent l’entraide et un bureau d’accueil en ligne est toujours là pour nous aider à tous les niveaux.
Ensuite, localement, les temps de rencontre organisés ont permis de rapprocher les personnes impliquées dans un secteur géographique restreint.
Actuellement, deux écoles assez proches sont impliquées dans un projet eTwinning intitulé “international scratch challenge”. J’essaie de faire en sorte de maintenir le lien entre elles afin de créer une émulation (une rencontre physique des élèves autour de défis est prévue en fin d’année). Parallèlement la personne Conseillère Académique en Recherche-Développement, Innovation et Expérimentation (CARDIE : sa mission est de valoriser les actions pédagogiques innovantes et d’en faciliter leur transfert) nous accompagne dans ce projet, en nous aidant sur l’analyse réflexive de notre projet . Par ailleurs, elle va nous aider à valoriser notre action, une affiche sera élaborée pour une présentation au forum académique de l’innovation du 29 Mars 2017.
Quels arguments as-tu utilisé pour convaincre ton IEN de décompter le temps de enseignants qui ont suivi le premier MOOC sur leur temps de formation professionnelle continue obligatoire ?
J’ai proposé à l’Inspecteur de l’Éducation nationale (IEN: en charge d’une circonscription, subdivision du département pour les établissements du premier degré (maternelle et élémentaire)), un parcours M@gistère (plateforme de formation à distance de l’Éducation nationale) sur un sujet identifié comme prioritaire. Le premier module Class’Code est depuis peu accessible à partir de la plateforme M@gistère et, par conséquent, pris en compte sur le temps de formation des enseignants (qui doivent y consacrer un volume horaire de 18h annuelles). Il n’est actuellement pas hébergé entièrement sur m@gistère, il s’agit simplement, d’un parcours portant le même intitulé et qui renvoie sur Class’Code. Il est à l’heure actuelle déployé pour 3 circonscriptions.
La disponibilité des MOOC Class’Code sous forme de parcours hébergés entièrement sur M@gistère représenterait-elle une plus-value ?
Bien sûr! Dans la version actuelle, la barre de progression présente sur les parcours m@gistère ne peut pas valider la participation des enseignants au MOOC. Du point de vue des formateurs, nous n’avons donc pas de regard sur l’implication des enseignants inscrits.
Travailles-tu avec d’autres partenaires du projet Class’Code en dehors d’inria ?
Oui, Canopé, avec qui nous avons le projet de tourner une série de la BSD (banque de séquences didactiques).
Les petits débrouillards interviennent dans les écoles, sur le temps scolaire et péri-scolaire (TAP). J’aimerais pouvoir tisser des liens de façon à créer davantage de cohérence entre ces temps et viser également plus d’efficacité. Nicolas Ladet, responsable du numérique à la Ville de Montpellier, propose aussi de cibler parmi les agents municipaux intervenant sur le périscolaire, ceux qui auraient une appétence particulière pour le codage informatique afin de les affecter en priorité sur les écoles impliquées et leur proposer de participer au MOOC.
Agents-mairie et intervenants des Petits Débrouillards pourraient permettre ainsi d’augmenter le temps d’exposition et de pratique du codage des élèves sur le temps périscolaire. Ils pourraient aussi utiliser les mallettes de robots Thymios mises à disposition par la ville de Montpellier depuis le mois de juin.
Combien d’enseignants ont suivi la formation dans ton département jusqu’à aujourd’hui ? Combien seront touchées d’ici la fin de l’année scolaire 2017 ?
Pour commencer, 8 enseignants des écoles Churchill, Savary et Schoelcher et 2 conseillers pédagogiques de la circonscription Montpellier-Saint Jean de Védas (dont je fais partie) ont testé le MOOC dans sa version béta. [Note: sur tout le territoire plus de 5000 personnes se sont inscrites au module test et l’étude a porté sur plusieurs 10zaines de retours d’expérience de formation.]
Pour l’instant un enseignant de Saussan s’est inscrit pour le suivre cette année. Le parcours proposé à partir de la plateforme m@gistère n’est pas encore ouvert par mes collègues conseillers pédagogiques de Frontignan et Montpellier Sud. Je n’ai pas pas de visibilité quant au nombre d’inscrits qu’il y aura. J’émets néanmoins un doute sur le succès de ce parcours cette année. En effet, un délai a été nécessaire avant d’avoir l’autorisation de créer un parcours m@gistère renvoyant au MOOC de Class’Code ; ceci a eu pour conséquence que les enseignants s’étaient déjà inscrits pour leur 18h de formation annuelle sur des parcours existants. Je crains donc que ne s’inscrivent cette année que de courageux enseignants qui accepteront de suivre la formation bénévolement, sur leur temps personnel.
Pour finir, quels conseils donnerais-tu à un collègue d’un autre département qui voudrait se lancer dans la même aventure de formation ?
D’une part la demande institutionnelle a créé un besoin de formation très largement partagé, et d’autre part le MOOC de Class’Code propose une solution clé en main de grande qualité, alors foncez ! Informez vos IEN de la possibilité de proposer un parcours M@gistère renvoyant vers cette formation. Avec leurs accords, déployez le sur un maximum de circonscriptions et diffusez largement cette opportunité auprès des enseignants. Grâce à Canopé, Class’Code se déploie sur tout le territoire.
Merci Béatrix.